Le fluvial a conscience de son capital sympathie : "Nous sommes le seul gestionnaire d'infrastructure apprécié pour le réseau qu'il développe. Un grand nombre d'acteurs est prêt à nous aider. C'est un point fort à capitaliser", a fait valoir le 29 mai Thierry Guimbaud, lors d'un colloque organisé par Voies navigables de France avec Haropa-Ports de Paris et le ministère de la Transition écologique et solidaire. Étant issu d'autres secteurs des transports, le directeur général de VNF peut se permettre la comparaison.
Souffrant de ne pas être assez uni, le fluvial veut fédérer, "porter un message commun" et s'appuyer sur une interprofession qui lui manque jusqu'à présent. Elle sera prête en 2020. Son préfigurateur (voir sa lettre de mission), le préfet François Philizot, par ailleurs chargé du développement de la vallée de la Seine, explique qu'entre les chargeurs, les transporteurs fluviaux, les gestionnaires de ports et de filières comme la construction, "ses parties prenantes sont très diversifiées". L'interprofession est quasi finalisée, "il reste à régler des problèmes d'argent et de représentativité", a-t-il ajouté. Et une chose est sûre : l'accélération du rythme d'innovation figurera bien au centre de ses enjeux.
Où se situe justement l'innovation aujourd'hui ? "Les technologies permettant de verdir ce mode de transport sont matures. Fini la R&D, nous entrons dans la phase des premiers déploiements commerciaux, notamment sur des bateaux-mouche ou des pousseurs. En tant qu'investisseur agissant au service de l'intérêt général, nous sommes prêts à soutenir le secteur dans sa transition vers un modèle de transport fluvial décarboné", éclaire Gautier Chatelus, directeur investissement, infrastructures et transports de la Banque des Territoires. L'hydrogène reçoit les faveurs : Nantes a déjà son bateau-bus hydrogène, Lyon sa déchetterie flottante utilisant un propulseur à hydrogène (River Tri, voir cet article) et d'autres veulent s'équiper, par exemple la région Occitanie pour le port de Sète (voir notre article du 22 mai 2019). "En Bourgogne-Franche-Comté, nous aidons la filière hydrogène à se structurer, les entreprises comme l'équipementier automobile Faurecia (groupe PSA) à se lancer dans le stockage et des stations à émerger à Dijon (hydrogène vert), Auxerre (pour des bus en septembre 2020), Belfort, Montbéliard et Dôle pour du fluvial et d'autres usages", avance Nathalie Loch, chargée de mission à l'agence économique de cette région.
Autre énergie, autre atout de la voie d'eau : ses ports constituent une réserve foncière non négligeable pour explorer d'autres solutions. "Il nous faut 2.000 à 4.000 mètres carrés pour une station de ravitaillement en gaz naturel. Les élus préfèrent créer des logements. On manque de foncier, d'infrastructure, si bien que c'est sur le port autonome de Bonneuil-sur-Marne, dans le Val-de-Marne, que nous avons créé il y a trois ans notre première station GNV en ajoutant bientôt un superchargeur pour développer l'électrification", illustre Jean-Michel Philip, directeur général du syndicat intercommunal pour le gaz et l'électricité (Sigeif mobilités).
Dernier usage et gros potentiel, l'approvisionnement en matériaux ou l'évacuation de déblais de chantiers dans les centres urbains. Strasbourg a signé une charte partenariale avec VNF, introduit de la logistique fluviale dans des chantiers et ne compte pas s'arrêter en si bonne voie : "Cette base logistique fluviale est à l'arrêt mais sera réactivée pour les chantiers de rénovation des Bains municipaux ou de l'ancienne Manufacture des tabacs", témoigne Jean-Baptise Gernet, adjoint au maire de Strasbourg délégué aux mobilités alternatives, à la logistique urbaine et à la vie fluviale. "Prenons le temps d'avancer tranquillement mais sûrement, d'être crédibles à chaque étape de ces développements", a conseillé pour conclure Thierry Guimbaud à la tête de VNF.
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