Développer d'ici à 2010 des programmes visant à conserver in situ 80% des espèces menacées ou en voie de disparition : telle est l'ambition des politiques de sauvegarde de milieux marins qui seront au coeur des débats du premier colloque national sur les aires marines protégées qui se tient à Boulogne-sur-Mer du 20 au 22 novembre. Cette manifestation est organisée par le comité français de l'Union mondiale pour la nature (UICN), un réseau d'une centaine d'experts et ONG regroupant également des ministères et établissements publics. Pour préparer ce colloque, tous les acteurs concernés ont été conviés à partager leurs recommandations sur un forum internet mis en place en vue de construire une stratégie nationale sur les aires marines protégées (AMP). Grâce à ses collectivités d'outre-mer, la France dispose du 2e domaine marin mondial établi de surcroît sur trois océans. Ainsi, les eaux françaises abritent 10% des écosystèmes récifo-lagonaires et 20% des atolls au monde. Mais son réseau d'aires marines protégées ne couvre que 0,16% de la superficie de son territoire maritime. La France accuse donc un sérieux retard qu'il s'agit de combler au plus vite.
Selon un document préparatoire au colloque établi par le ministère de l'Ecologie, il existe de multiples raisons de créer des AMP. Par exemple, pour protéger et permettre aux ressources halieutiques de se reconstituer, mais aussi pour sauvegarder des espèces ou des habitats rares, pour restaurer des milieux dégradés, pour défendre un cadre préservé à forte attractivité touristique ou créer un espace de référence scientifique... Une fois l'AMP constituée, un régime spécial est établi et mis en œuvre à travers des moyens spécifiques et selon un mode opératoire adapté qui relèvent tous deux du contrôle de l'Etat. Les collectivités ont aussi leur mot à dire en tant qu'interfaces importantes entre terre et mer. Ainsi, une région peut s'appuyer sur l'outil de protection qu'est la réserve naturelle régionale. D'autres auront recours aux contrats de baie ou encore à un chapitre individualisé du schéma de cohérence territoriale (Scot). Les AMP comprennent aussi les parcs nationaux, les arrêtés de biotopes ayant une partie maritime, les parties maritimes du domaine relevant du Conservatoire du littoral... Autre statut reconnu pour être efficace car plus intégré, celui de parc naturel marin que le plan d'action pour la mer de la Stratégie nationale pour la biodiversité a conduit à créer. Avec cette stratégie, les objectifs se sont précisés : il reste à créer en France une dizaine de parcs naturels marins d'ici à 2012 (à l'étude, l'estuaire de la Gironde et le bassin d'Arcachon), à mettre en place pour juin 2008 un "Natura 2000 en mer" et à faire du réseau d'AMP la pierre angulaire des politiques nationales de protection de la biodiversité marine. L'acteur incontournable pour animer ce réseau, appuyer techniquement, administrativement et scientifiquement l'Etat et les collectivités dans les politiques d'AMP est l'Agence des aires marines protégées, un établissement public créé par la loi du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux et aux parcs naturels marins.
Morgan Boëdec / Victoires Editions
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