1.800 entres en formation via le Cnam

June 2024 · 4 minute read


Le programme "Au cœur des territoires" du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) a été lancé en 2019 avec pour ambition d'augmenter l'offre de formation supérieure dans les villes moyennes, au cœur de l'attention des pouvoirs publics à travers le programme national "Action Cœur de Ville". Objectif : créer, d'ici à 2022, au moins une centaine de nouveaux espaces d'accès à la formation dont à minima 75 dans les villes concernées par le plan gouvernemental. 

Suite au premier appel à manifestation d'intérêt qui a permis de sélectionner 55 sites en 2019, sept ont été ouverts à Saint-Brieuc, Bourges, Grand Chalon, Quimper, Vierzon, Chaumont et Manosque, rapportait l'ADCF en janvier 2021. Et près de 1.800 personnes sont ou ont été accueillies en formation sur les sites ouverts dans les villes moyennes, a indiqué l'administrateur général du Cnam, Olivier Faron, à l'occasion d'un webinaire organisé mercredi 17 mars 2021. Un second appel à candidatures est ouvert aux villes et intercommunalités inscrites dans les programmes Action cœur de ville et Territoires d'industries jusqu'à fin mai 2021. 

Un "déclic" chez les élus

Être doté d'une offre de formation locale et de niveau supérieur est devenu un élément majeur d'attractivité dont les élus ont pris conscience depuis quelques années. C'est le moment où jamais d'investir, selon Bastien Régnier, directeur général de Villes de France. "400.000 Français sont prêts à déménager dans les villes moyennes", souligne-t-il. Pour que cette dynamique se concrétise davantage, selon lui, "il faut être en capacité d'attirer des cadres" afin qu'ils "puissent avoir l'assurance de mettre leurs enfants dans des établissements de qualité", a-t-il renchéri. 
 
Chez les élus, "il y a eu un déclic, remarque Thibaut Duchêne, directeur général adjoint du Cnam. Faire venir des entreprises, ce n'est pas qu'organiser une zone d'activité commerciale, mais aussi faire le pari des compétences". Le pari du Cnam est de proposer des formations accessibles localement, ciblées pour répondre aux besoins de compétences des entreprises implantées sur le territoire. A Vierzon par exemple, une douzaine de stagiaires ont intégré une formation "Passe Pro Numérique" dans l'optique de devenir techniciens développeurs. 

Selon une étude du Conservatoire, l'intérêt de s'inscrire à une formation décroît lorsque le site se situe à plus de 30 km du lieu d'habitation. Comme "les jeunes partent vers les métropoles", "cette initiative va permettre de conserver du personnel", veut croire Jean-Pierre Joubert, dirigeant de Delta Electricité et membre de la chambre de commerce et d'industrie des Alpes de Haute Provence. Grâce à l'implantation du programme à Manosque, il a pu recruter quatre jeunes dans sa PME. "Des gens du centre-ville se sont intégrés et ont un emploi grâce à ce dispositif", soutient-il. 

Lever des freins

Une démarche qui suppose un certain volontarisme au regard des freins existants. "Le fait d'avoir des antennes universitaires n'est pas, dans la gestion technocratique, considéré comme un 'plus' mais comme une dispersion un peu inutile", reconnaît le préfet et directeur du programme national Action cœur de ville à l'Agence nationale de la cohésion des territoires, Rollon Mouchel Blaisot. Selon cette logique, moins il y a d'antennes universitaires, plus le budget augmente. 

"La fameuse règle des mètres carrés constitue un frein abyssal", remarque aussi Frédérique Macarez, maire de Saint-Quentin, vice-présidente de Villes de France. En imposant de ne pas augmenter les surfaces des universités dans le cadre des financements de l'État, cette règle est défavorable au développement de nouvelles formations. Autre inégalité entre métropoles et villes moyennes : du fait d'une moindre présence historique des formations dans les villes moyennes, ces dernières ont dû investir davantage que les métropoles déjà dotées ce qui se traduit par un taux d'effort par habitant plus élevé. 

Trouver les bons outils 

"Il ne s'agit pas d'installer partout des grands campus mais de l'ingénierie de formation, de la capacité à répondre aux besoins", a insisté Jean-Patrick Gille, vice-président de l'Union nationale des mission locales et conseiller à la région Centre-Val-de-Loire. Il salue aussi cette initiative qui restaure une démarche plus inclusive selon laquelle "on part des besoins et on fait avec le public disponible". 

Reste cependant à trouver la bonne organisation pour y parvenir. "Il y a une vraie nécessité de trouver les outils, les lieux et de les décliner avec beaucoup de nouveauté pour répondre aux besoins", a souligné Laurent Trogrlic, vice-président de l'Assemblée des communautés de France (ADCF). Estimant que dans cet objectif, "le rassemblement d'idées multiples mérite d'être soutenu", il appelle les collectivités et les EPCI à être porteuses de tels projets. 
 

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