L’entreprise de la civic tech Cap collectif a lancé ce 16 novembre 2021, au Salon des maires, sa nouvelle plateforme mutualisée Purpoz. Une sorte de réseau social de la participation citoyenne qui sera accessible à des collectivités, des parlementaires, des associations ou encore des entreprises et des syndicats. "L’idée est de permettre à des collectivités qui veulent utiliser des outils de civic tech de ne pas avoir la contrainte de devoir s’équiper, héberger et animer en continu une plateforme, leur offrir un canal mutualisé par lequel ils peuvent en quelques heures lancer leur consultation, leur budget participatif ou autre", explique à Localtis Cyril Lage, directeur de Cap collectif. L’abonnement sera "au moins trois fois moins cher" que le prix de la licence permettant à une collectivité de disposer de sa propre plateforme, assure-t-il, parce que les coûts d’infrastructure et de maintenance, "massifs" sur ce type de plateforme, seront mutualisés dans le cadre de Purpoz. Et, pour encourager davantage de petites collectivités à se saisir de ces outils numériques, l’abonnement des plus de 1.600 communes participant au programme Petites Villes de demain sera gratuit pendant un an et de façon expérimentale, avec le soutien de la Banque des Territoires.
"Une question d’image de modernité, presque de marketing territorial"
"Les outils numériques et les civic tech ne doivent pas rester l’apanage des grandes villes, il nous semble donc important d’aider les petites villes à se saisir d’outils de participation innovants", précise à Localtis François Panouillé, chargé de mission Smart City à la Banque des Territoires. Alors que Cap collectif compte quelque 150 collectivités parmi ses clients, il s’agit actuellement "très majoritairement de grandes collectivités, régions, départements, métropoles qui vont s’approprier ces outils", confirme Cyril Lage. En cause : le frein lié au coût, mais aussi au manque de compétences numériques et de ressources dédiées pour piloter de tels projets. Des freins que la plateforme Purpoz et l’expérimentation conduite avec la Banque des Territoires pourraient en partie lever.
Y a-t-il toutefois bien une appétence pour de tels outils, dans des petites villes où le lien de proximité avec les habitants peut paraître globalement plus facile que dans des métropoles ? Les élus et chefs de projet Petites Villes de demain seraient enthousiastes, à en croire François Panouillé. L’outil numérique peut notamment être utile pour s’adresser aux habitants des fameuses "intercommunalités XXL" ou de communes très étendues, ou encore pour toucher des publics qui n’auraient pas l’habitude de participer à des dispositifs plus classiques de concertation, type réunions publiques. Il y a par ailleurs "une question d’image de modernité, presque de marketing territorial", qui est associée à ces outils pour certains élus. Et au-delà, pour François Panouillé, "beaucoup d’élus et de chefs de projet sont convaincus que, pour élaborer leur projet de territoire et la convention du programme Petites Villes de demain, il faut associer les habitants, les entendre, ce qui permettra aussi au projet d’être moins ou pas contesté plus tard".
S’impliquant parallèlement dans d’autres projets visant à renforcer la participation citoyenne dans les collectivités, la Banque des Territoires encourage les petites communes à s’inspirer des retours d’expériences disponibles pour concevoir une démarche globale (lire notre encadré). "Faire du 100% numérique, c’est un peu voué à l’échec sur ces questions, il faut forcément allier démarches physiques et digital", estime François Panouillé. L’enjeu de l’expérimentation menée avec Cap collectif est de recueillir des enseignements utiles à tous ; ainsi, dans un an, "un livre blanc sera rendu public pour analyser l’impact du dispositif sur les territoires (nombre de projets menés, typologie, taux de participation, appropriation des outils et méthodes…)", selon le communiqué commun de la Banque des Territoires et de Cap collectif.
D’ici cinq ans, 3 à 5 millions de Français inscrits sur la plateforme Purpoz ?
Dans le cadre de Purpoz, les petites villes du programme ou d’autres collectivités, sur abonnement, auront accès à dix fonctionnalités : la consultation, le questionnaire, la boîte à idées, le débat, la votation, la carte participative, la mise en relation participative, la pétition, l’appel à projet et le budget participatif.
La collectivité disposera de son espace, avec un accès administrateur, et pourra lancer ses projets, avec la possibilité de rendre certains projets privés, par exemple dans le cas d’une consultation interne à destination de ses agents. En dehors de ces cas particuliers, "par principe les projets sont publics", précise Cyril Lage. Et la plateforme est organisée en trois espaces : la "fabrique des territoires" - projets des collectivités -, la "fabrique de la loi" - consultations liées aux projets de loi et propositions de loi – et la "fabrique des idées" - pour des projets portés par d’autres acteurs, associations et entreprises notamment.
Le dirigeant de Cap collectif anticipe peu de besoins en modération et assure que les utilisateurs recevront des informations liées aux projets qui les intéressent et les concernent d’un point de vue géographique. "On constate que la problématique d’une collectivité est beaucoup plus de réussir à toucher un nombre élevé des habitants de la commune que de s’inquiéter que des gens qui ne font pas partie de la commune viennent participer à leur projet…", répond-il à une question selon lui "souvent posée par les élus". Or, par sa dynamique transversale, Purpoz apporte selon une solution à la "contrainte lourde" que constitue la nécessaire animation de la communauté. "L’idée est de nous inspirer des meilleures pratiques des réseaux sociaux en termes d’acquisition et de rétention de trafic, d’utilisateurs, pas pour leur vendre de la publicité pour des chaussures mais pour les faire participer à des projets", souligne Cyril Lage. D’ici cinq ans, Purpoz ambitionne d’atteindre 2.500 à 3.000 organisations utilisatrices et 3 à 5 millions de Français inscrits sur la plateforme. L’atteinte de ces objectifs passerait par la généralisation de la gratuité de l’abonnement d’ici fin 2022, que Cap collectif prévoit de financer par une nouvelle levée de fonds. En effet, pour le dirigeant de l’entreprise de la civic tech, il importe "d’accélérer la diffusion de ces nouvelles façons de prendre des décisions" et donc "de rendre la technologie qui le permet accessible au plus grand nombre".
Les collectivités auront accès à une formation d’une journée, sur les usages des différentes applications et la méthodologie associée à chaque projet et pour s’approprier la plateforme d’un point de vue technique (administration, paramétrage, etc.). La démarche animée par Purpoz / Cap collectif prévoit également le partage de pratiques entre le réseau de collectivités membres. La Banque des Territoires a aussi récemment publié une cinquantaine de retours d’expériences participatives de collectivités de toutes tailles, concernant des démarches mêlant le numérique et le présentiel. En lien avec l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), la Banque des Territoires développe également la plateforme "Territoires en commun" (voir notre article). Cette dernière recense les acteurs de la participation citoyenne, propose des retours d’expériences et met l’accent sur des projets spécifiques sur la culture ou encore la jeunesse. Les collectivités portant ces projets sont accompagnées – par des experts rémunérés par l’ANCT - dans le but, là encore, d’en tirer des enseignements utiles à toutes les collectivités. |
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