Cirque de Navacelles, moins de voitures, plus de paysage (30-34)

April 2024 · 4 minute read

Depuis les belvédères de Blandas (côté Gard) et de la Baume Auriol (côté Hérault), la vue plonge à 300 mètres vers le vertigineux Cirque de Navacelles où serpente la Vis. Cet effondrement géologique témoigne aussi d'une utilisation humaine du méandre ainsi créé, autour du hameau de Navacelles. Grand Site de France, partie prenante du site « Causses et Cévennes » inscrit au patrimoine mondial par l'Unesco, le Cirque de Navacelles connaît une fréquentation estivale conséquente, malgré des contraintes géographiques très fortes.

Retenir les visiteurs sur les parkings des belvédères

En 2014, les élus du syndicat mixte du Grand Site (voir encadré) se sont engagés à développer des modes alternatifs à la voiture pour accéder au Cirque. « Comme le hameau de Navacelles n'offrait qu'un petit parking de 60 places, le méandre vert du Cirque avait fini par être totalement défiguré par du stationnement sauvage en été », indique Caroline Salaün, directrice du syndicat mixte. Le plan de circulation adopté visait 25 % de report modal, avec une limitation à 700 véhicules/jour dans le Cirque. « L'idée première a été de proposer des parkings de délestage sur les belvédères, activés lors des pics de fréquentation », poursuit la directrice. Le dispositif est en place côté Gard, avec 2 parkings de délestage de 50 et 150 places, sur des terrains appartenants au département. « La mise en place est plus complexe côté Hérault : le site est escarpé et la collectivité ne dispose pas encore de foncier ». Une fois sur les belvédères, les visiteurs sont invités à descendre sans voiture dans le Cirque.

Un service de navette gratuite

Première solution : la navette minibus gratuite. À la suite des tests réalisés en 2012, une première navette payante est mise en place en 2013 côté Gard, en prolongement du réseau départemental existant. En 2017, une seconde navette, gratuite, se lance côté Hérault. Depuis 2020, une navette gratuite unique circule de belvédère à belvédère, en passant par le Cirque, avec des arrêts intermédiaires, du 10 juillet à la fin août. Affrétée par la région Occitanie, elle a transporté 10.762 passagers en 2020, l'équivalent de 4.304 véhicules. Lors des pics de fréquentation, 20 à 40 % des véhicules éviteraient ainsi le Cirque.

Inciter à la randonnée

Autre possibilité : descendre à pied dans le Cirque depuis les belvédères. Un gros programme de signalétique, sécurisation des traversées routières et requalification paysagère a été engagé. « Tout le monde n'est pas en capacité de marcher, compte tenu du dénivelé mais l'importance du public familial et la possibilité de remonter en navette sont des atouts, poursuit la directrice. Nous souhaitons amplifier cette pratique en créant 4 portes de randonnées, avec petits stationnements, à partir desquelles on peut descendre uniquement à pied. » L'objectif est que 8 % des visiteurs descendent ainsi dans le Cirque.

Le vélo : un rôle limité mais une place symbolique

Si le syndicat mixte travaille depuis 2015 à développer des escapades à vélo, il n'est pas encore possible de louer un vélo sur place. Des circuits à vélo électrique sont proposés par des loueurs professionnels depuis le Vigan et Le Caylar à 15-20 km. De nombreux cyclistes viennent également avec leur propre matériel : « La fréquentation se développe, surtout depuis que nous sommes sur l'itinéraire VTT de la Grande traversée du Massif Central » indique la directrice. Le syndicat mixte va donc implanter 35 bornes de recharge, 2 stations de lavage et un éco-compteur vélo-piéton en 7 lieux. « Le report modal attendu n'est que de 2 %, indique la directrice, mais la présence du vélo témoigne de la possibilité de découvrir le site autrement. »

Supprimer le stationnement sauvage en réaménageant le hameau

Autre chantier mené depuis 2020 et jusqu'à 2022, le réaménagement complet du hameau de Navacelles. « En échange d'une sanctuarisation du méandre qui empêche tout stationnement, nous avons obtenu la création de 30 nouvelles places de parking. C'est rare en site classé », note la directrice. À l'été 2021, 93 places de stationnement voitures et 25 de motos seront ainsi en service, en plus des 58 réservées aux habitants et locataires estivaux. « Nous allons observer l'impact de ces réaménagements sur la circulation, avant de choisir ou non de rendre ce parking payant. »

La durée de visite s'allonge

D'ores et déjà, l'objectif de 25 % de report modal est dépassé. Si tous les aménagements prévus ne sont pas encore réalisés, le syndicat mixte a aussi noté un net allongement de la durée moyenne de visite. Elle a presque doublé en 10 ans et près de 40 % des visiteurs restent ainsi entre 4 et 8 heures sur place, contre seulement 22 % en 2007. « Avant, on était sur des visites éclair. Aujourd'hui, les visites à la journée se développent », souligne la directrice. Détourner les touristes de leur véhicule, c'est donc aussi changer leur regard, élargir leurs centres d'intérêt. « On aimerait qu'ils découvrent la richesse des causses alentour : une visite plus longue, c'est plus de dynamisme, plus d’économie touristique et plus de services au quotidien, y compris pour les habitants de ce territoire peu dense. »

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