Face à une concurrence accrue, encore renforcée par la crise économique, les collectivités se sont mises à leur tour à proposer des offres groupées, associant plusieurs sites ou lieux culturels. Cette approche doit à la fois favoriser les synergies entre ces derniers et améliorer la visibilité et l'attractivité de l'offre, notamment aux yeux des tours-opérateurs. La ville de Blois (Loir-et-Cher) a été l'une des pionnières en la matière avec le lancement, dès 2005, d'une stratégie commune pour les trois composantes du "triangle d'or" du Blaisois : les châteaux de Blois, de Chambord et de Cheverny.
Ce développement des offres groupées par les collectivités vient de connaître un nouvel exemple avec le rapprochement entre la grotte de Lascaux II en Dordogne et le gouffre de Padirac dans le Lot. La Semitour - société d'économie mixte dont l'initiateur et principal actionnaire est le département et qui se présente comme "la première entreprise touristique du département de la Dordogne" - gère un ensemble de sites : Lascaux II (la réplique de Lascaux ouverte au public), mais aussi de nombreux autres sites comme le gisement préhistorique de l'Abri Pataud, le parc animalier du Thot, les châteaux de Losse et de Puymartin, les jardins d'Eyrignac, sans oublier des gîtes ruraux, des campings et des studios... Au total, la Semitour revendique 800.000 touristes annuels sur ses différents sites, dont environ 250.000 à Lascaux II.
De son côté, le gouffre de Padirac est exploité par une société commerciale et accueille chaque année 350.000 visiteurs. Dans ce rapprochement insolite, le demandeur est en réalité la Semitour, confrontée à un effritement de la fréquentation de Lascaux II. Ouverte depuis 25 ans, cette réplique de Lascaux doit en outre faire l'objet d'importants travaux de restauration, qui risquent de peser sur sa fréquentation.
Dans ce contexte, l'idée de ce rapprochement entre Lascaux et Padirac - matérialisé par un accord de partenariat - est de mettre un bémol à la concurrence entre ces deux sites vedettes du Sud-Ouest et de développer au contraire des offres groupées et des relais de croissance. Les visiteurs de Padirac se verraient ainsi présenter des offres portant sur les ressources culturelles et touristiques de la Semitour et vice-versa pour ceux de Lascaux. La crise a joué sans aucun doute un rôle dans ce rapprochement entre deux sites jusqu'alors concurrents. Le contexte local de la Dordogne n'y est pas non plus étranger, qui voit s'affronter depuis plusieurs années la Semitour - à dominante publique - et l'association Sites en Périgord, qui regroupe onze sites privés de la Dordogne.
Jean-Noël Escudié / PCA
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