Dans le cadre de sa réflexion prospective sur l'évolution des métiers, le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) publie les conclusions d'un groupe de travail qui s'est penché sur les métiers de la prise en charge de la perte d'autonomie (personnes âgées et personnes handicapées). L'objectif était à la fois d'éclairer les enjeux du secteur, de contribuer à la prospective des métiers concernés et de repérer les compétences nécessaires, plus particulièrement pour ce qui concerne les fonctions de management.
En termes d'enjeux, les chiffres - déjà connus par ailleurs - sont éloquents, avec environ 280.000 postes d'aides-soignantes à pourvoir sur la période 2005-2015, 200.000 postes d'infirmières, 350.000 postes d'assistantes maternelles et aides à domicile, 380.000 postes d'agents des services d'entretien et 140.000 postes d'employés de maison. L'ampleur de ces chiffres s'explique à la fois par l'augmentation des besoins et par le vieillissement des salariés actuels de ces métiers. Le recrutement constitue donc un enjeu aussi difficile qu'essentiel, notamment avec la disparition du "vivier" traditionnel pour les emplois à domicile que constituaient les femmes de 35 à 50 sans diplôme et qui reprennent une activité. En termes de contenus, le rapport identifie plusieurs enjeux importants : la convergence des métiers (avec le rapprochement des prises en charge des personnes âgées et des adultes handicapés), les spécificités de l'intervention auprès de publics fragiles et le développement d'une "culture du domicile" (encore peu répandue chez les agents territoriaux). S'y ajoutent, pour les établissements, les questions de maîtrise des coûts, de prise en compte des droits des usagers, de qualité et de bientraitance. Ces évolutions quantitatives et qualitatives vont nécessiter un fort développement de la gouvernance et de l'expertise et vont donner un poids important aux fonctions stratégiques (planification, programmation, coordination, intégration des politiques et des savoirs).
Ces modifications en profondeur de l'environnement de ces métiers vont bien sûr engendrer des besoins accrus de formation. Pour ce qui concerne les professionnels de contact et l'encadrement intermédiaire, l'étude du CNFPT identifie deux enjeux principaux : la nécessaire organisation du marché de l'aide à domicile et le développement de l'attractivité des métiers et de la diversification des parcours professionnels. Deux préoccupations qui rejoignent largement celles des pouvoirs publics, avec en particulier la création de l'Agence nationale des services à la personne ou les plans d'action en faveur des métiers du social et du médico-social (voir nos articles ci-contre). Le CNFPT identifie aussi un enjeu particulier sur la formation des cadres dirigeants, avec la nécessité de dépasser le modèle actuel, jugé "obsolète". En termes pratiques, l'étude préconise de renforcer l'offre de formation des établissements du CNFPT, avec en particulier la création d'un cycle de formation dédié à l'Institut national des études territoriales (Inet) et un renforcement de la formation au sein des Ecole nationales d'application des cadres territoriaux (Enact). Il recommande également de développer les transferts d'expériences, notamment par la création de lieux d'échanges entre managers généralistes et experts.
Jean-Noël Escudié / PCA
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