Catherine Colonna, ambassadrice et représentant permanent de la France auprès de l'Unesco, a déposé le 25 janvier auprès de cette organisation le dossier de la candidature du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais à l'inscription au Patrimoine mondial. Elle était accompagnée des responsables de l'association "Bassin minier uni" (BMU) qui porte la candidature avec le soutien très actif de la région et des autres collectivités territoriales. Le mérite de cette candidature revient toutefois au maire de Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais, 7.000 habitants), qui a lancé le projet en 2002.
Ce dépôt de dossier traduit le choix du gouvernement français en faveur du projet du Nord-Pas-de-Calais. Dans un communiqué du même jour, le ministre de la Culture salue une "candidature exceptionnelle par son sujet et son ampleur qui, en outre, est portée avec passion et émotion par toute une région". Frédéric Mitterrand en profite pour affirmer que "le Patrimoine mondial n'est pas seulement la collection des chefs d'oeuvre de l'art, mais peut être aussi le témoignage du cadre de vie et de travail de l'homme, quand il est signifiant et représentatif". Des propos façonnés sur mesure pour aller droit au coeur des responsables du Patrimoine mondial à l'Unesco, qui entendent désormais privilégier les "lieux de mémoire" davantage que les monuments. La candidature du bassin minier sera examinée par le comité du Patrimoine mondial à l'été 2011. En 2010, c'est en effet la cité épiscopale d'Albi, sélectionnée par le gouvernement en février 2009, qui représentera la France (voir notre article ci-contre du 11 février 2009).
Sans remettre en cause l'intérêt et la richesse du patrimoine minier, ce choix pour 2010 est un peu un choix par défaut. Après le nouvel échec des Causses et des Cévennes en 2009 (voir notre article ci-contre du 1er juillet 2009), les autres dossiers en course - les immeubles de Le Corbusier, les vignobles de Bourgogne ou de Champagne, voire le Mont-Blanc, sans parler de "la cuisine française" - sont en effet moins avancés ou moins crédibles. Il est vrai aussi que le dossier du bassin minier a été bien préparé, le gouvernement n'ayant jamais caché sa préférence à son égard. En juin dernier, 69 sites miniers du Nord-Pas-de-Calais ont ainsi été inscrits en bloc à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, quelques jours avant la réunion annuelle du Comité du Patrimoine mondial de l'Unesco (voir notre article ci-contre du 23 juin 2009).
La candidature du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais couvre un territoire d'environ 120 kilomètres de long entre Enquin-les-Mines et Condé-sur-l'Escaut, représentant une superficie de près de 4.000 hectares. Il englobe 87 communes et 383 sites ou objets liés à l'histoire minière : terrils, chevalements, carreaux de fosse, églises, écoles, équipements collectifs, cités minières... Si la candidature est retenue à l'été 2011, le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais sera le premier à être ainsi inscrit dans son ensemble au Patrimoine mondial, même si la liste comprend déjà des sites miniers comme le complexe industriel de la mine de charbon de Zollverein à Essen (Allemagne).
Jean-Noël Escudié / PCA
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