Nicolas Sarkozy l'avait annoncé, la ministre de la Culture l'a confirmé : le nouveau régime de la gratuité des musées nationaux entrera en vigueur le samedi 4 avril 2009, soit au début des vacances de Pâques. Dans ses voeux au monde culturel, organisés au Carré d'Art de Nîmes le 13 janvier dernier, le chef de l'Etat avait lui-même annoncé cette date (voir notre article ci-contre). La mesure mise en place constitue toutefois un compromis par rapport au projet d'une gratuité totale avancée par Nicolas Sarkozy lors de la campagne des présidentielles et repris dans la lettre de mission adressée à Christine Albanel lors de la mise en place du gouvernement. Elle prend en compte les enseignements tirés de l'expérimentation menée durant six mois, en 2008, dans 18 musées de Paris et de province. Pour des raisons à la fois de fond et plus terre à terre (la nécessité de compenser la gratuité totale), c'est finalement le principe d'une gratuité ciblée qui l'a emporté, comme le souhaitaient Christine Albanel et les représentants des musées.
A partir du 4 avril, l'accès aux collections permanentes des musées nationaux, ainsi qu'aux monuments nationaux sera donc gratuit pour deux catégories de visiteurs : les jeunes de moins de 26 ans et les enseignants du premier et du second degré. Mesure intéressante dans le cadre de la construction d'une Europe de la culture : la gratuité s'appliquera également aux jeunes de moins de 26 ans ressortissants d'un pays de l'Union européenne. L'application de cette gratuité ciblée concernera tous les établissements et les monuments historiques dépendant du ministère de la Culture, à l'exception du Grand Palais à Paris (qui ne dispose pas de collections permanentes et ne présente que des expositions temporaires). La situation est beaucoup moins claire pour les musées dépendant d'autres ministères. Par exemple, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche appliquera la gratuité au musée des Arts et métiers, mais pas au Muséum national d'histoire naturelle.
La gratuité ciblée mise en place à partir du 4 avril ne concerne que les musées nationaux. Mais les musées locaux, qui dépendent pour l'essentiel de collectivités territoriales, vont devoir prendre rapidement position sur la question. C'est le cas notamment pour les 1.200 établissements bénéficiant du label "musées de France". Le public comprendrait mal, en effet, que l'accès des jeunes aux collections permanentes du Louvre soit gratuit alors que celui de musées disposant d'un fond nettement moins riche demeure payant. Le choix sera toutefois moins difficile qu'il y paraît. La plupart des musées pratiquaient en effet déjà des mesures de gratuité, notamment pour les scolaires. Dans l'édition 2007 de "Muséostat, la fréquentation des musées de France", réalisée par le ministère de la Culture, il apparaît ainsi que, sur les 51,98 millions de visites comptabilisées cette année-là (pour les musées nationaux et locaux), 32,24 millions étaient payantes et 19,73 millions gratuites, soit 40% du total. Plusieurs villes ont d'ailleurs d'ores et déjà instauré une gratuité totale ou ciblée pour l'accès aux collections permanentes de leurs établissements. C'est le cas, entre autres, des musées de Paris, Bordeaux, Caen et Dijon ou de ceux appartenant au département de l'Isère. L'année 2009 devrait donc voir la plupart des villes et départements rejoindre ces pionniers de la gratuité.
Jean-Noël Escudié / PCA
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