Placé pour sa première année d'existence sous le thème "Compétitivité et attractivité du territoire", le premier Forum national du très haut débit (THD) ne s'est pas tenu dans la Loire par hasard. "En juillet 2005, le conseil général de la Loire a confié à la société Lotim Télécom, filiale d'Axione (groupe ETDE), la réalisation et l'exploitation d'un réseau fibre optique de plus de 500 kilomètres. Après dix-huit mois de travaux, ce sont 144 boucles locales très haut débit qui ont été réalisées, soit 30 dessertes de centraux téléphoniques et 114 dessertes de zones d'activités. Cette infrastructure permettra, dès 2007, l'arrivée progressive d'opérateurs locaux et nationaux qui commercialiseront des services très haut débit pour près de 20.000 entreprises", a expliqué Georges Ziegler, vice-président du conseil général de la Loire, en introduction du Forum. "La Loire est ainsi exemplaire du succès de la France depuis 2002 en matière de haut débit", a résumé le ministre délégué à l'Industrie, François Loos. Après avoir rendu visite à Lotim Télécom et à sa tête de réseau installée à Saint-Etienne, le ministre a conclu les présentations de la première journée du Forum en rappelant les actions menées par le gouvernement en faveur du déploiement de la fibre optique en France.
"Mon objectif est d'atteindre 4 millions d'abonnés raccordés au très haut débit en 2012", a d'emblée affirmé le ministre. Pour cela, François Loos compte activer toute une série de leviers. Il s'agit en premier lieu de faciliter l'accès au génie civil existant (gaz, électricité, télécoms, réseaux d'assainissement...) et de rendre possibles des offres de location des fourreaux pour minimiser les coûts de déploiement de la fibre. L'Autorité de régulation (Arcep) conduit d'ailleurs actuellement une étude en ce sens.
Fibre optique à tous les étages
Soulignant que "la concurrence ne sera vraisemblablement effective que sur les zones les plus denses", le ministre préconise une "approche locale de l'analyse des marchés" et prévient qu'une intervention ou législative ou réglementaire en cas de "défaillance du marché qui aboutirait à la reconstitution de monopoles" n'est pas à exclure.
La mutualisation du câblage interne des immeubles entre opérateurs est également souhaitée. "L'ouverture du réseau de fibre optique du premier opérateur arrivé dans les immeubles à ses concurrents est indispensable si l'on souhaite éviter que de nouvelles barrières à la concurrence ne s'installent", a insisté François Loos, évoquant en outre le précâblage des logements neufs dans le cadre du label "logement multimédia" (plusieurs amendements au projet de loi Télévision du futur ont précisément été débattus à ce sujet).
Il apparaît de même nécessaire d'"évaluer l'intérêt de réutiliser les câblages aériens électriques ou téléphoniques préexistants", de "faciliter la pose de fourreaux lors des actions de voirie" et d'"encourager la réalisation de travaux de génie civil allégés". Une mission sur cette question des travaux de génie civil vient d'ailleurs d'être confiée au Conseil général des technologies de l'information et au Conseil général des ponts et chaussées.
Autre préconisation : promouvoir le très haut débit pour les entreprises dans le cadre du futur label "zones d'activité très haut débit", en sachant que le groupe de travail de l'Arcep en charge de l'élaboration de ce label devrait remettre ses propositions d'ici fin février.
Enfin, la France plaide pour que les fonds structurels puissent intervenir dans le financement des expérimentations à grande échelle menées par les collectivités locales dans le domaine des infrastructures très haut débit.
Quel rôle pour les collectivités ?
"L'aménagement THD des territoires passera inéluctablement par une implication des collectivités : au vu des coûts induits, un déploiement significatif nécessitera une intervention publique anticipée, vraisemblablement de type partenariat public-privé", a assuré Jean-Yves Modica, chef du service des investissements et participations numériques au département Développement numérique des territoires de la Caisse des Dépôts. Selon une étude de l'Idate de mai dernier, ces coûts sont estimé à 10 milliards d'euros pour couvrir les 40% de la population des zones urbaines et à près de 30 milliards d'euros pour couvrir les 60% restants.
Déjà les acteurs se positionnent. Du côté des opérateurs, France Télécom a lancé en janvier 2006 une expérimentation de fibre à l'abonné sur six arrondissements parisiens et six communes des Hauts-de-Seine. L'opérateur historique prévoit également des prédéploiements à Lille, Lyon, Marseille, Poitiers et Toulouse. Il devrait faire un point avec les syndics pour le déploiement de la fibre dans les immeubles à la mi-février. Free a annoncé, en septembre 2006, un investissement de 1 milliard d'euros d'ici 2012 pour le raccordement de 600.000 abonnés puis a racheté l'opérateur parisien CiteFibre. Neuf-Cegetel a acquis l'opérateur Médiafibre à Pau puis remporté la première délégation de service public pour développer un réseau résidentiel FTTH (Fiber to the home) sur treize communes de la région parisienne adhérente du Sipperec représentant 500.000 habitants.
Quant aux collectivités, les pionniers s'appellent Pau, Gonfreville-l'Orcher et, bientôt, le département des Hauts-de-Seine. Très prochainement, la ville de Paris devrait également rendre publiques les avancées de son groupe de travail THD en vue d'une expérimentation de partage de fibre entre les différents opérateurs dans les immeubles des bailleurs sociaux. La fibre optique sera bien au coeur du développement des territoires en 2007.
Luc Derriano / EVS
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