La Cegos met en question l'efficacit des rformes de la formation professionnelle

June 2024 · 4 minute read

Quelle est l'efficacité des réformes engagées sur la formation professionnelle ? Pas si flagrante que cela, si l'on en croit les résultats de l'étude de l'Observatoire Cegos sur la "formation en Europe", menée en janvier et février 2011 auprès de 2.542 salariés en France, Allemagne, Espagne, Italie et Royaume-Uni. D'après cette enquête, publiée le 30 mars 2011, les salariés des pays étudiés se sentent plutôt bien accompagnés par leur entreprise en matière de formation professionnelle, avec des taux de satisfaction au-delà de 70%. Mais en la matière, c'est en France et en Espagne, deux pays où il existe une législation concernant la formation professionnelle, que les salariés sont les moins satisfaits. 62% des Français interrogés se jugent ainsi bien formés, contre 71% en moyenne sur les cinq pays. A l'inverse, au Royaume-Uni, qui ne dispose d'aucune incitation pour les entreprises en matière de formation professionnelle, les salariés sont plutôt satisfaits de l'accompagnement dont ils bénéficient, et cela dans tous les domaines (identification des compétences dont ils ont besoin, informations sur les offres de formation…) mis à part sur la compréhension de l'évolution des métiers de leur entreprise. Même constat quant à l'implication du manager dans le domaine de la formation professionnelle. C'est encore une fois en France que les résultats sont les moins bons : 25% des salariés français jugent ainsi que leur manager est très impliqué dans le choix des actions de formation (contre 35% au Royaume-uni ou 34% en Italie), 21% qu'il est très impliqué pour faire un bilan au retour d'une formation et 19% seulement dans son accompagnement à la mise en œuvre des acquis de la formation (contre 36% en Italie).

"La France ne voit plus la formation comme une possibilité d'évolution"

"Toutes les stratégies politiques d'aujourd'hui ne sont pas forcément d'une efficacité impressionnante, a affirmé Jacques Coquerel, président du groupe Cegos, lors de la présentation de cette étude, en Angleterre, où il n'y a pas d'incitation, les systèmes sont au moins aussi performants qu'en France ou qu'en Espagne." Autre signe d'une efficacité moindre de la politique française destinée à développer et à améliorer la formation professionnelle des salariés : "la France ne voit plus tellement la formation comme une possibilité d'évolution", a expliqué Mathilde Bourdat, responsable de l'offre "Management de la formation" à la Cegos. "On a eu deux réformes majeures (2004 et 2009) sur la formation, mais finalement on ne peut pas dire que ça a été porteur d'une évolution significativement positive pour les salariés", a-t-elle souligné. Si le contexte de crise et de fragilisation des parcours professionnels peut en partie expliquer ce phénomène français, les résultats de l'enquête montrent une certaine désillusion des Français envers la formation. "C'est un point d'alerte important, a précisé Jacques Coquerel, ce n'est pas utile d'empiler des tas de règlementations. Il y a un moteur qui est en train de s'asphyxier : l'individu." En France, la formation professionnelle est ainsi davantage vue comme une possibilité de préserver son emploi, et non plus comme un moyen de se développer, de s'épanouir, ou d'augmenter sa rémunération.

Comment aller chercher ceux qui ne demandent rien ?

L'étude de la Cegos s'intéresse aussi aux salariés qui n'ont pas été formés, qui correspondent à 20% du panel interrogé. Et là, la surprise est de mise : 24% d'entre eux ne savent pas pourquoi ils n'ont pas suivi de formation dans les trois dernières années, près d'une personne sur trois pour la France, et 89% d'entre eux n'ont pas demandé de formation dans les trois dernières années… En France, ce taux atteint 86%, signe que la réforme engagée en 2009 avec la loi du 24 novembre, qui visait justement à cibler davantage les personnes qui n'ont pas accès à la formation et qui en ont le plus besoin, a du mal à atteindre son objectif. Comment alors aller chercher ceux qui ne demandent rien ? La question reste grandement ouverte… Pour la Cegos, la solution tient moins dans l'empilement des législations, qui n'ont pas démontré leur efficacité, que dans le développement de programmes attractifs utilisant les nouvelles technologies. Des programmes capables de donner envie aux salariés. 

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