Le Syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIPH) publie les résultats d'un sondage sur "Les aspirations professionnelles des jeunes médecins d'Ile-de-France". Dans une région qui - contrairement à une idée reçue - compte de nombreux déserts médicaux (la Seine-et-Marne figure au rang des départements les plus sous-dotés de France), les résultats ne manquent pas d'intérêt et sont sans doute représentatifs de la situation dans la plupart des grandes régions.
Les attentes évoluent
Réalisée par TNS Sofres auprès d'un échantillon de 1.600 jeunes médecins d'Ile-de-France - 75% en internat, 18% en clinicat ou assistanat et 7% en thèse -, l'étude montre une évolution des perceptions et des attentes. Interrogés sur les éléments qui influencent de manière importante leur choix de carrière professionnelle, 86% des répondants citent l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée (dont 60% qui jugent cet élément "extrêmement important"). Parmi les autres items proposés, 76% citent l'intérêt de la pratique médicale, mais seuls 38% le jugent "extrêmement important".
Ce souci de conciliation entre vie privée et professionnelle se lit aussi dans d'autres réponses. Ainsi, seuls 37% des répondants pensent conserver une activité de nuit et seuls 58% souhaitent continuer à travailler du lundi au vendredi. Dans les deux cas, près d'un quart des étudiants interrogés déclarent toutefois ne pas savoir ou ne veulent pas se prononcer. Ces réponses s'expliquent notamment par le nombre croissant d'étudiantes en médecine : si les femmes représentent aujourd'hui 43% des médecins en exercice (voir notre article ci-contre du 10 juin 2013), elles constituent en revanche 62% des étudiantes en médecine. Les étudiants sont ainsi 45% à envisager de conserver une activité de nuit, quand les étudiantes ne sont que 31%.
Autre évolution significative : 42% des jeunes médecins en formation pensent travailler entre 35 et 50 heures par semaine à la sortie de l'internat ou du clinicat et 43% entre 50 et 80 heures. Mais, lorsqu'ils se projettent dix ans tard, ils ne sont plus que 17% à s'imaginer travailler entre 50 et 80 heures par semaine, contre 64% entre 35 et 50 heures (et même 7% moins de 35 heures). Ici aussi, l'écart entre hommes et femmes est très marqué : 56% des étudiants pensent travailler entre 50 et 80 heures par semaine à la fin de leurs études et 9% plus de 80 heures, contre respectivement 35% et 2% chez les étudiantes.
Les dispositifs incitatifs sont appréciés, mais...
Les modes d'exercice sont également en pleine transformation. Ainsi, seuls 13% des étudiants envisagent de travailler seuls (cas qui ne concerne évidemment que les seuls médecins libéraux). A l'inverse, 58% souhaitent travailler en cabinet de groupe ou maison de santé pluridisciplinaire. Par ailleurs, 67% des répondants sont ouverts à un exercice mixte public/privé et 57% envisagent de commencer par faire des remplacements (ce qui confirme la pratique effective des jeunes médecins libéraux). En termes de pratique médicale, 74% des jeunes médecins se disent ouverts à la délégation des tâches à d'autres professionnels de santé, dans le cadre de protocoles pré-établis.
Les deux autres parties de l'étude sont consacrées à la perception du métier de médecin et à la distinction public/privé. Il en ressort notamment que 66% des étudiants se disent prêts à renoncer à la carrière médicale, notamment si la surcharge de travail et le stress sont trop importants (24%) ou si on leur demande de s'installer dans une autre région que la leur (22%). Ils portent toutefois un jugement plutôt positif sur les mesures d'incitation à l'installation, et notamment sur les aides à l'installation dans un cabinet de groupe (69% disent qu'une telle mesure pourrait les inciter à s'installer en libéral dans une zone déficitaire en médecins), la mise à disposition gratuite de locaux (67%), les subventions à l'installation (65%) ou la garantie d'une assistance administrative ou d'un secrétariat (62%). En revanche, le versement d'une allocation durant l'internant en contrepartie d'une installation en zone déficitaire recueille beaucoup moins d'adhésions (34%).
La grande majorité des jeunes médecins franciliens sont attirés par un exercice mixte, avec toutefois une préférence affichés pour l'exercice dans le secteur public et plus particulièrement en CHU. Dernier point qui n'est pas sans lien avec les difficultés d'accès aux soins - mais cette fois-ci sous l'angle financier - : parmi les jeunes médecins franciliens qui déclarent vouloir exercer dans le privé, seuls 16% souhaitent s'inscrire en secteur I (conventionné, honoraires non libres), contre 70% en secteur II (conventionné, honoraires libres).
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