Dans une visioconférence de presse ce 19 janvier, Bruno Arcadipane, le président (Medef), Philippe Lengrand, le vice-président (CFDT), et Nadia Bouyer, la directrice générale, ont présenté les résultats 2021 du Groupe Action Logement et levé le voile sur les perspectives de 2022. C'est peu dire qu'Action Logement a déployé l'an dernier "une activité intense" – selon les termes du communiqué du Groupe du même jour – et que les résultats dévoilés sont "exceptionnels", avec une très grande majorité de progressions à deux chiffres, voire parfois trois chiffres. Avec toutefois un bémol : la plupart des progressions affichées sont calculées par rapport à 2020, année totalement atypique avec un arrêt et des perturbations des chantiers durant plusieurs semaines (même si le Groupe a connu une hausse de 15% des mises en chantier), une chute des permis de construire et un fort recul des agréments de logements sociaux. Il aurait sans doute été plus judicieux – comme vient de le faire par exemple la Banque de France en publiant les chiffres 2021 du surendettement – de prendre 2019 comme année de référence.
Près de 50.000 nouveaux logements sociaux et intermédiaires
Sous cette réserve, l'année 2021 a en effet été intense pour Action Logement et l'accélération est incontestable depuis la réforme de 2017. Au total, le Groupe a dégagé 6,3 milliards d'euros en 2021 pour les opérateurs du logement et la délivrance d'aides et de services aux salariés. Pour leur part, les filières immobilières du groupe ont engagé la réalisation de plus de 30.000 réhabilitations et de 48.500 nouveaux logements abordables (logements sociaux et intermédiaires).
Du côté des salariés, Action Logement affiche notamment une hausse de 45% (par rapport à 2020) des garanties Visale accordées (227.000), de 120% pour les aides à la mobilité (97.000) et de 133% pour les prêts accession (20.000 pour un total de 754 millions d'euros, auxquels il faut ajouter plus de 7.000 demandes de primes accession, un dispositif mis en place en octobre 2021).
Bruno Arcadipane a souligné l'attention portée par le Groupe aux jeunes. Les moins de 30 ans représentent en effet 91% des garanties Visale (dont 55% au bénéfice d'étudiants ou d'alternants), 37% des 100.000 attributions locatives en 2021, les deux tiers des aides à la mobilité, auxquelles s'ajoutent 95.500 aides Mobili-Jeune®, d’un montant pouvant aller jusqu'à 100 euros par mois, pour participer aux charges de loyer.
Le Groupe Action Logement a su également se montrer réactif face à la crise sanitaire, qui a fragilisé certains salariés. Plusieurs mesures ont ainsi été prises pour aider au maintien dans le logement : 110.000 ménages bénéficiaires (entre mai 2020 et juillet 2021) de "l'aide Covid" pour prévenir les impayés de loyers et 14.000 ménages bénéficiaires de l'aide aux salariés, plus pérenne (+43% par rapport à 2020). On peut également y ajouter 72.000 personnes âgées accompagnées pour financer des travaux d'amélioration des salles de bain et faciliter ainsi le maintien dans le logement (jusqu'à 5.000 euros) et 71.000 ménages modestes ou très modestes (au sens des critères de l'Anah) aidés pour financer des travaux de performance énergétique du logement (jusqu'à 20.000 euros). Il s'agit dans les deux cas d'aides de mise en œuvre dans le cadre du "plan d'investissement volontaire" (PIV), lancées en 2019 et aujourd'hui closes. Enfin, l'année 2021 s'achève sur un total de 100.000 attributions locatives (+17%), en face desquelles figurent 455.000 demandes actives.
Dans le cadre du plan de relance, un "soutien exceptionnel" au logement abordable
Du côté de la production de logements, le Groupe a engagé l'an dernier 3,5 milliards d'euros, via Action Logement Services, pour financer les investissements de bailleurs sociaux. Pour leur part, les différentes filiales immobilières du Groupe ont obtenu en 2021 un total de 48.538 agréments (+14,5%) : 14.913 engagements de logements intermédiaires (la déclaration remplaçant désormais l'agrément) et 33.625 agréments de logements sociaux. Ces derniers se répartissent en 32% de PLAI, 43% de PLUS et 25% de PLS. En termes de réalisations, l'année 2021 enregistre 26.178 livraisons de logements (+30% par rapport à 2020), 34.000 mises en chantier (+8%) et 30.400 réhabilitations (+25%), dont 22.000 rénovations thermiques. Ces chiffres portent le parc total d'Action Logement à 1,07 million de logements sociaux et intermédiaires. Sur la question de la rénovation énergétique, Nadia Bouyer a précisé que le parc d'Action Logement compte environ 5% de logements en classe F ou G (passoires thermiques) et 16% en classe E. Le Groupe s'est fixé pour objectif de rénover les logements F et G avant 2024, autrement dit avant la date butoir nationale du 31 décembre 2025.
Lors de la conférence de presse, Nadia Bouyer a insisté sur "le soutien exceptionnel" apporté au logement abordable, avec une contribution forte à l'effort de relance du logement. A travers la participation à l'objectif national de 250.000 logements sociaux sur 2021-2022 (qui a toutefois peu de chances d'être atteint), ceci s'est notamment traduit par l'apport de 1,4 milliard d'euros aux organismes de logement social (1,18 milliard de prêts et 193 millions de subventions), en vue de développer une offre nouvelle de plus de 92.000 logements. Action Logement a également apporté 300 millions (dont 100 millions de souscriptions à des titres participatifs) aux offices publics de l'habitat (OPH), afin de financer leur restructuration prévue par la loi Elan de novembre 2018.
Enfin, Bruno Arcadipane a insisté sur l'engagement du Groupe Action Logement en faveur du rattrapage du logement en outre-mer et dans le programme national Action cœur de ville. Il en est de même pour le renouvellement urbain, puisque Action Logement a financé 90% du PNRU (Programme national de rénovation urbaine) et finance 70% du NPNRU (Nouveau programme national de rénovation urbaine). En février 2021, sous la forme d'un avenant au PIV, le Groupe a ainsi apporté 1,4 milliard supplémentaire à l'Anru, portant du même coup sa participation à 12 milliards d'euros.
Des perspectives 2022 qui restent encore floues, en attendant la nouvelle convention
Les dirigeants du Groupe sont restés plutôt discrets sur les perspectives pour 2022. Ceci s'explique par les échéances électorales, mais aussi par le fait que, pour la première fois, la PEEC (participation des employeurs à l'effort de construction ou "1% logement") est en légère baisse (1,66 milliard contre 1,7 milliard en 2020). Ceci n'a toutefois rien d'anormal et s'explique par la contraction de la base 2020 de la cotisation patronale, sous l'effet des mesures de chômage partiel prises par le gouvernement pour faire face à la crise. De même – et cela n'est pas non plus une surprise compte tenu des nombreuses sollicitations, ou plus, dont le Groupe est l'objet de la part de l'Etat –, le niveau de trésorerie est en nette baisse, même s'il reste largement positif : 2,6 milliards sur ALS (Action Logement Services) et environ 3 milliards sur le pôle immobilier. Il est en revanche trop tôt – à peine quinze jours après la fin de l'exercice – pour qu'Action Logement fasse état de son résultat opérationnel pour 2021.
Autre élément d'incertitude : la négociation, qui devrait aboutir d'ici la fin de 2022, de la nouvelle convention quinquennale, la précédente arrivant à expiration cette année. Rappelant qu'"Action Logement ne fait pas de politique" – et en sachant que les dernières négociations avaient été pour le moins laborieuses –, Bruno Arcadipane n'a pas voulu esquisser de pistes sur ce que pourrait contenir la nouvelle convention. En effet, "il est trop tôt pour répondre et il faut d'abord faire un bilan". Le président du Groupe se veut toutefois "confiant dans l'avenir, car quel serait l'intérêt d'attaquer le premier producteur de logements en France ?".
Enfin, en termes d'objectifs quantitatifs pour 2022, Action Logement avance des chiffres assez proches de ceux de 2021. Les objectifs sont ainsi quasi stables pour la production de logements abordables (50.000 contre 48.538 l'an dernier), les réhabilitations (33.800 contre 30.000) et les attributions locatives (100.000). Les objectifs sont en revanche en hausse pour les garanties Visale (330.000 contre 227.000) et les aides à la mobilité, car "les Français sont le peuple le moins mobile d'Europe" (200.000 contre 97.000, si on ne compte pas les 95.500 aides Mobili-Jeune®).
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